NAPLES 1969, au même moment que KING CRIMSON un groupe italien aussi fou, autant déjanté, autant hors normes y voyait le jour, IL BALLETTO DI BRONZO. Je ne vais pas vous refaire l'historique du Ballet de Bronze, il y a des sites spécialisés pour cela que tous nos lecteurs connaissent. Tout au plus précisons que deux des membres fondateurs, le guitariste Lino AJELLO et le chanteur multi instrumentiste Marco CECIONI tentèrent en 2016 une reformation qui fit long feu et qui n'avait rien de progressive... Les progmaniaques de la planète entière ont à un moment ou un autre tendu une oreille attentive (ou non ?) sur le second album des napolitains "Ys", un album qui intronisait le claviériste/chanteur un peu dingo Gianni LEONE, transfuge d'un autre obscur combo transalpin CITTA FRONTALE accompagné du quatre cordistes Vito MANZARI celui-ci venant de QUELLE STRANE COSE CHE, groupe romain n'ayant jamais sorti d'album... Et voici qu'en l'an 2023 notre ami Gianni décide de réincarner IL BALLETTO DI BRONZO avec une paire rythmique qui joue à ses côtés depuis plusieurs années, Ivano SALVATORI à la guitare basse et Riccardo SPILLI à la batterie, je dis plusieurs années car même si aucun disque n'est paru récemment avant ce "Lemures", le trio se produisait en live ici et là au sein de la botte. Le maitre mot qui caractérise ce disque est "dérangeant", il faut vraiment suivre l'esprit profondément torturé de Gianni LEONE pour y adhérer, difficile de passer un titre ou un autre à la radio sauf avec un avertissement préalable aux auditeurs. Suivant les titres, le chant est psalmodié, éructé, mais jamais vocalisé d'après les standards habituels, musique progressive ou non. Vous me voyez venir avec mes gros sabots, car effectivement ma pièce préférée "Labyrinthus" et ses presque neuf minutes est le seul titre quasi instrumental du disque (juste des chœurs proches de l'apocalypse), c'est aventureux pour le moins, cosmogénique pour le plus mais loin d'être inintéressant, du lourd comme on dit ! Les autres plages qui ont retenu mon attention, les moins bizarres en quelque sorte sont dans l'ordre de l'album, la première instrumentale "Incubo E Succubo" la plus courte aussi, qui installe l'atmosphère générale dans laquelle nous allons baigner pendant plus de cinquante-sept minutes, la septième "Certezze Fragili" plus douce que le restant (sic) plus mélodique surtout et la huitième "Deliquio Viola"avec son ouverture symphonico martiale où les vocaux de Gianni sont plus supportables ce qui n'est pas une mince affaire... Donc album différent à écouter avec de très très grandes oreilles !