LAUGHING STOCK a débuté en 1986, fans des TEARS FOR FEARS, TALK TALK dont ils ont emprunté un titre pour s’identifier et autres XTC en plus des PINK FLOYD et KING CRIMSON. Ils se lancent dans le bain musical en 2016 après avoir gravité dans des groupes à part sur un versant art rock; un 6e album si l’on sépare le Acts1/2 et 3/4, onirique, vibrant et singulier, opus surprenant d’où l’on ne sait où il va nous mener; album à disséquer, c’est parti. « For the Boys » intro XTC directe fraîche orchestrale, puis air des BEATLES, bon ça se tient puisque XTC était leur fils spirituel; trompette solennelle et bucolique à la fois, sur un versant pop-rock folk fruité avec Colin, simple et efficace. « Songs for the Future » toujours son des 80, je pense d’un coup aux TALKING HEADS, voix phrasée qui se démarque de la trame musicale répétitive; ambiance sombre de bar de nuit soudainement éclairée par le break électro-country où la slide guitare vient faire ravage; final cinématique spatiale, là au fond de l’espace. « Something Happens » pour un titre mélodique ouaté avec guitare acoustique ambiante et clarinette; le break solo sent le PINK FLOYD puis des chœurs avec trompette qui groovent carrément funky, limite avec l’esprit prog; encore un final en deux temps sur un air sérénade bucolique. « The Other Side » intro soft-spatiale et la participation de Colin, celui des CAMEL; titre intimiste où la basse est bien présente, trame minimaliste pop aérienne sur un gentil crescendo rappelant les évolutions modérées d’ALAN PARSONS. « December » pour la ballade soporifique, lente, latente, sur piano et saxo en canapé; une digression relaxante. « Like Home » à l’air crimsonien en intro avant de monter un son tribal européen. Le son se veut planant et rock, sur un rythme prenant évolutif; très 80 comme les SIMPLE MINDS avec synthés gras et solo gras, superbe. « The Ocean » à l’esprit rock-folk-pop avec Billy basse et vocaux pour le titre consensuel bien rythmé, mélodique, pour une régression du temps musical; son neuf n’ayant plus rien à voir avec leur album précédent. « Changed » électro-piano jazzy au rythme ralenti, un frappé percussion saisissante, le solo guitare mettant l’ambiance prog et permettant de s’évader quelques instants. « Night of a Thousand Stars » sur une comptine avec les relents d’XTC; une berceuse même qui monte encore avec un superbe solo de Jan. « It is Time » vient sauver un peu l’album en proposant enfin une pièce plus longue et le son de leurs dernières créations; il y a de la latence progressive, des notes aériennes posées, un air grandiloquent, orchestral, atmosphérique comme sur une pièce des SIGUR ROS; un son passant de l’acoustique à l’électrique; le final avec blanc comme durant les 90 amène du cinématique spatial vintage avec claviers du temps et comptine d’enfants suivie d’une montée bucolique à la VANGELIS pour clore, d’autres diraient KRAFTWERK. « Blue Grass » et le titre piano acoustique à l’atmosphère solennelle, deux minutes de prog d’antan pour se baigner dans l’air avec voix-off et spleen, le titre que tu voudrais plus long, immersif, le meilleur. « Stay a While » arpège guitare floydien avant de partir sur un titre rock-folk convenu. LAUGHING STOCK a sorti un album surprenant et déroutant, diffusant de l’émotion vintage avec des mélodies récentes plongeant dans le passé; oui il faut réviser et aimer les idées sonores des TALK TALK et autres XTC pour accrocher sans risque de se perdre; ceux qui aiment WATERS le musicien ou les BARCLAY JAMES HARVEST pourront se régaler et régresser; c’est prog mais soft-pop fruité, aérien et léger mais assez intimiste pour penser à la valeur musicale dans notre vie.